Cérémonie
d’abandon de la tombe au Tây Nguyên
Pendant le printemps au Tây Nguyên (Hauts
Plateaux du Centre), les sons des gongs retentissent partout.
Quand le printemps arrive, il est temps pour les ethnies
minoritaires d’organiser la Cérémonie
d’abandon de la tombe, un événement
important de leur vie spirituelle.
La cérémonie d’abandon de la tombe,
une des caractéristiques des habitants du Tây
Nguyên, se déroule essentiellement de novembre
à avril. Sous l’angle religieux, elle est
une cérémonie funéraire pour commémorer
les proches décédés. Cependant, au
point de vue culturel, elle reste une activité
traditionnelle inscrite dans les épopées
anciennes des ethnies Jaraï et Édé…
Selon la tradition des ethnies Joraï et Édé…,
le mort sera enterré dans une forêt lointaine
et l’âme du défunt se tranformera en
fantôme qui hantera et ne voudra pas quitter le
monde terrestre. Chaque jour, les proches devront apporter
de la nourriture à l’âme du défunt
et balayer la tombe, cette période servant à
garder celle-ci jusqu’à la cérémonie
d’abandon où l’âme du défunt
se substituera au poulet offert par la famille et les
habitants du hameau pour commencer une vie nouvelle, ne
harcelera plus le monde terrestre puis transmigrera.
Un mois avant la Cérémonie d’abandon
de la tombe, on va dans la forêt à la recherche
de bois pour la maison funéraire qui doit être
construite par de jeunes hommes robustes et décorée
par des gens âgés. À l’entrée
et autour de la maison funéraire des ethnies Joraï
et Édé sont disposées de nombreuses
statues représentant humains et animaux, symboles
de la vie dans l’au-delà qui se multiple.
Ces statues sont relativement simples mais leurs formes
sont suggestives et imprégnées d’humanisme.
Selon les chercheurs, elles ont pour but d’orner
et de rendre plus vivante la Cérémonie d’abandon
de la tombe. Ce sont aussi les serviteurs du défunt.
Cérémonie d’abandon de la tombe chez
les Joraï, un des traits culturels originaux dans
les Hauts Plateaux du Centre.
La Cérémonie d’abandon de la tombe
est la dernière activité que font les vivants
envers le mort.
Le jour de la pleine Lune est choisi par les Joraï
et Édé…, pour célébrer
cette cérémonie. Sur le cimetière
retentissent les sons des gongs qui entament la cérémonie.
Devant la maison funéraire est planté un
mât où sont accrochés au sommet des
talismans colorés. Le sorcier ou un proche du défunt
fait des prières pour inviter l’âme
du mort à prendre part à la cérémonie.
La cérémonie terminée, on allume
un feu, on boit de l’alcool de riz dans des jarres
avec des tiges de bambou, on mange de la viande de bœuf,
de buffle, de chèvre, de poulet…, on chante,
danse et s’amuse gaiement. Car, pour tous les participants,
l’âme du défunt a retrouvé une
nouvelle vie dans l’autre monde,et aucun lien ne
subsiste plus dorénavant entre les vivants et le
mort.
Après la Cérémonie d’abandon
de la tombe, les habitants du hameau se rendent chez la
famille du défunt pour participer à un banquet
où le maître du logis offre toutes sortes
d’aliments. Ce jour, appelé « Rua nôi
» (lavage des marmites), fait de la Cérémonie
d’abandon de la tombe une fête culturelle
en grande pompe.
Texte: Nguyên Tuân Long - Photos: Trân
Phong
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