Duong
Lâm, un village séculaire
Situé
à environ 50 km à l'est de Hanoi, Duong Lâm,
province de Hà Tây (Nord), est le premier village
vietnamien à être reconnu vestige culturel national.
Une distinction honorifique certes mais qui permettra à
la localité d'engager la préservation de son patrimoine.
Par une belle matinée d'été, nous faisons
2 heures de voiture au départ de Hanoi pour nous rendre
dans le vieux village de Duong Lâm. Une route où
rizières se succèdent aux rizières, s'étendant
comme un océan de verdure où se perdent les regards.
Quand une porte de village en latérite fait brusquement
son apparition, sous l'ombrage protecteur d'un banian séculaire.
À
peine cette porte franchie qu'on saisit la particularité
des lieux. C'est un peu comme si le temps s'était arrêté
et c'est étonné que nous découvrions les
vieilles maisons construites en parpaings de latérite
- une matière première abondante dans la région
- et couvertes d'un toit aux versants courbés. Sur chacun
d'entre eux, une perche est posée, signifiant par là
la propriété familiale. Les maisons sont souvent
entourées de murs en latérite alors que les allées
du village sont dallées de briques penchées.
"Duong
Lâm recense 800 vieux logements datant de centaines d'années.
Certains d'entre eux ont environ 400 ans", confirme Lê
Minh Hai, vice-président du Comité populaire communal.
Les logements
sont spacieux, deuxième sujet d'étonnement puisque
certains sont grands comme une maison communale. La maison de
Nguyên Van Hùng en est un exemple. Construite en
1614, elle est composée de 5 travées avec un toit
recouvert de tuiles en forme d'écailles de poisson. On
distingue une oraison funèbre en caractère chinois
sur une planche de bois, ce qui nous vaut les explications du
propriétaire des lieux. "Je suis la 12e génération
de cette maison. J'en suis très fier. À l'heure
actuelle, notre famille tient de nombreux objets de ses pères".
Quel merveilleux exemple de la solidité et de la splendeur
d'une architecture en latérite et en bois.
Le village
regroupe 9 hameaux : Mông Phu, Cam Thinh, Dông Sàng,
Doài Giap, Cam Lâm, Phu Khang, Hà Tân,
Hung Thinh et Van Miêu qui chacun possède son propre
puits. Celui de Mông Phu, le plus grand hameau, a des
eaux très pures et porte l'inscription Nhât phiên
bang tâm qui veut dire que le cœur des hommes de
Mông Phu est pur comme de la glace. Mông Phu compte
environ 400 familles qui vivent de l'agriculture. Jadis, on
y pratiquait l'élevage des vers à soie et le tissage
d'étoffes.
Duong Lâm
est aussi une terre qui vit d'illustres personnages naître
en son sein. C'est là où Mme Man Thiên donna
naissance aux héroïnes Trung Trac et Trung Nhi qui
menèrent l'insurrection contre les agresseurs chinois
aux premiers temps de notre histoire. Ce fut aussi la terre
ancestrale de 2 rois qui se rendirent célèbres
par leur lutte contre les agresseurs du pays : Bô Cai
Dai Vuong Phùng Hung (761-802) et Ngô Quyên
(898-944). Ces grands hommes ont contribué à mettre
fin à un millénaire de domination chinoise. On
note également de nombreux villageois ayant réussi
au concours suprême durant le régime féodal
dont Giang Van Minh, troisième lauréat, qui devint
un éminent diplomate au 16e siècle.
Terre d'histoire,
on y retrouve forcément des vestiges historiques et culturels.
D'après Lê Minh Hai, le village possède
actuellement 7 vestiges. Il s'agit du temple-mausolée
Ngô Quyên, des temples commémoratifs Phùng
Hung, Giang Van Minh, des maisons communales Mông Phu,
Doài Giap, Cam Thinh et de la pagode de Mia.
Au village de Duong Lâm se déroulent encore de
nombreuses activités culturelles, rites et jeux populaires
: combat de coqs, cérémonie de sacrifice aux génies,
tournois de lutte Chù On… Et que dire de ses produits
locaux dont on chante même les louanges dans des chansons
populaires.
Vers la
préservation des vieilles maisons
Face à un tel vestige du passé, un projet de restauration
et préservation était indispensable. Le village
traditionnel de Duong Lâm vient enfin d'en recevoir un,
avec un financement de plus de 200 milliards de dôngs.
Selon Lê Minh Hai, dans l'immédiat, il se concentra
sur la restauration des plus anciennes maisons, de la maison
communale, de certaines stèles et d'un complexe d'anciens
puits. "Cette préservation reçoit une attention
particulière des autorités provinciales",
insiste-t-il.
En 2003,
le Département du patrimoine culturel (ministère
de la Culture et de l'Information) et celui japonais des biens
culturels signaient un aide-mémoire pour une coopération
dans la protection, la restauration et la gestion des vieux
villages. Les experts japonais avaient alors procédé
à un examen et élaboré des dossiers concernant
les anciennes maisons de Duong Lâm. Ils orientèrent
également leurs études vers le court et long terme
pour chercher à comprendre les problèmes historiques,
culturels, socio-économiques locaux.
Toujours
dans cette optique de préservation, les autorités
locales ont construit en 2005 une zone de relogement pour les
villageois, poursuit Lê Minh Hai. Quelque 160 familles
prévoient d'y loger tandis que des spécialistes
s'occuperont des restaurations. De même, les villageois
doivent s'engager à garder et respecter l'espace culturel
du village.
Derrière
cela, on n'oublie pas le tourisme et sa manne financière.
Afin de mieux attirer les visiteurs, surtout les étrangers,
Duong Lâm est en train de rédiger un livre d'illustration
trilingue : anglais, japonais et vietnamien. De même,
le Comité populaire de Hà Tây a autorisé
la création du comité de gestion du vieux village
de Duong Lâm et la publication de son statut de gestion.
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